vendredi 8 septembre 2017

Qui ne dit mot consent d'Alma Brami


Date de parution : 24 août 2017 chez Mercure de France
Nombre de pages : 176

Émilie a suivi son mari Bernard à la campagne quand leurs enfants étaient encore petits, depuis ils ont grandi et quitté la maison. Mais Bernard installe régulièrement dans leur maison  une "invitée" trouvée par petite annonce, soit-disant pour tenir compagnie à sa femme qui s'ennuie à la campagne, il s'offre aussi quelques escapades avec des "vieilles copines"...

Bernard se révèle être un homme pervers et manipulateur qui dit à Émilie avoir besoin de ces femmes pour son équilibre, avoir besoin de prendre l'air... Il se montre très gentil avec Émilie, la flatte et est aux petits soins pour elle. Jamais il n'est violent bien au contraire... Il lui exprime sans cesse son amour et ponctue toutes ses phrases de "mon Cœur".
Émilie, qui a abandonné ses rêves professionnels pour suivre son mari, est complètement dépendante de lui, sans argent, sans permis de conduire, elle s'est retrouvée dans une sorte de prison sans s'en rendre compte. Elle réalise dans ses moments de lucidité et de révolte qu'elle n'est jamais sortie de chez eux sans son mari. Émilie souffre en silence et surtout se rend responsable de la situation, persuadée de toujours tout faire mal. Son mari a renversé les rôles et a fini par la persuader que tout est de sa faute à elle, s'il se comporte de la sorte c'est parce qu'elle l'étouffe avec sa jalousie et ses reproches...

Quand elle a rencontré Bernard, Émilie n'a jamais voulu écouter sa meilleure amie et ses parents qui se méfiaient de cet homme et l'avaient alertée "Ma décision s'était nourrie des doutes de tous ceux qui m'avaient sermonnée". Plus tard, elle ne réagit pas plus face à sa fille qui tente de la faire réagir. Quelques éléments donnés par l'auteure sur l'éducation qu'a reçue Émilie nous éclairent en partie sur sa soumission...

Il s'agit donc d'une histoire d'emprise, de soumission racontée sous la forme d'un huis-clos oppressant. Alma Brami parvient à nous mettre dans la tête de cette femme qui vit un calvaire, consumée de jalousie. On a envie de la secouer mais on comprend peu à peu qu'elle sera incapable de réagir, tellement l'image qu'elle a d'elle-même est altérée. D'une efficacité redoutable, ce court roman m'a trotté dans la tête longtemps après l'avoir refermé, la construction du récit est habile et les dialogues très percutants. Alma Brami nous décrit une relation de couple toxique mais hélas plausible. Complètement bluffant !

Dominique et Noukette l'ont lu également.


L'auteure


En 2008, à l'âge de 23 ans, Alma Brami publie son premier roman : "Sans elle". Elle y fait parler une enfant, Léa, qui se retrouve brusquement confronté au monde des adultes, et l'affronte à la fois avec innocence et lucidité.
"Qui ne dit mot consent" est son neuvième roman.







17ème participation au Challenge Rentrée Littéraire 2017









4 commentaires:

  1. J'aime beaucoup cette auteure et pourtant il m'avait échappé qu'elle sortait un nouveau roman lors de cette rentrée littéraire.Grâce à ta chronique, il est sur ma liste.

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    1. Je découvre cette auteure avec ce titre et je ne suis pas prête de la quitter...

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  2. J'ai lu ce roman d'une traite hier soir,il m'a d'autant plus bouleversée que j'ai reconnu mon père dans le mari de la narratrice et je me suis identifiée complètement à leur fille Laura.J'ai connu moi aussi le défilé des invitées étant petite:seule différence:ma mère est partie avant d'être complètement détruite! Merci à toi pour ce partage,ce livre que j'ai lu en apnée est un coup de cœur pour moi pour bien des raisons.

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    1. Ton message me bouleverse Karine... j'espère que cette lecture n'a pas été trop dure pour toi... Ton message confirme que rien n'est exagéré dans ce récit.
      Je suppose que tu va avoir besoin de quelques jours pour réussir à écrire ta chronique.

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