Date de parution : 16 aout 2023 chez Grasset
Nombre de pages : 224
" Le grand feu, c'est celui qui m'anime, et me consume, lorsque je joue du violon et lorsque j'écris." Léonor de Récondo
En 1699, Ilaria Tagianotte naît à Venise dans une famille de marchands d'étoffes. La ville a perdu de son faste passé, mais lui reste ses palais, ses nombreux théâtres, son carnaval qui dure six mois. C'est une période faste pour l'art et la musique, le violon en particulier.
A cette époque de grand deuil lié à la peste, persuadée que cette sixième enfant vivrait et qu'elle chanterait, sa mère place la petite Ilaria à peine âgée de quelques semaines à la Pieta. Cette institution publique a ouvert ses portes en 1345 pour offrir une chance de survie aux enfants abandonnées. On y enseigne le chant et la musique au plus haut niveau et les Vénitiens se pressent aux concerts organisés dans l'église attenante. Cachées derrière des grilles ouvragées, les jeunes interprètes jouent et chantent des pièces composées exclusivement pour elles.
Ilaria apprend le violon et devient la copiste du maestro Antonio Vivaldi, "le prêtre roux". Elle se lie avec Prudenza Leoni, une fillette de son âge. Leur amitié indéfectible lui donne une ouverture vers le monde extérieur.
Ce roman est l'histoire de l'embrasement d'Ilaria, confiée à la Pieta par sa mère, marchande d'étoffes, pour qu'elle ait un meilleur avenir qu'elle, pour qu'elle s'élève en chantant. Embrasement d'Ilaria quand, à l'âge de huit ans, trop jeune pour le chant, elle découvre le violon qu'elle apprend sous l'impulsion d'Antonio Vivaldi, " il va devenir ta voix ", embrasement amoureux de la jeune fille lorsqu'elle rencontre Paolo, le frère de son amie Prudenza.
Le décor historique est passionnant avec la Venise du XVIIIe siècle et la Pieta, institution qui accueille les orphelines ou les filles de parents assez riches pour payer les cours de musique de très haut niveau qui y sont dispensés. L'ambiance de Venise, la vie à la Pieta sont magnifiquement restituées par la plume flamboyante de Léonor de Récondo, la vie derrière les murs de l'institution sous l'autorité de la Prieuré, des murs qui protègent mais qui enferment aussi, la lagune et les îles au loin qui font tant rêver Ilaria... Les relations entre les différents personnages sont également très bien analysées notamment la superbe amitié entre Ilaria et Prudenza, quant aux sentiments de la mère d'Ilaria, de la Prieuré, de Vivaldi ils sont évoqués avec délicatesse et sobriété.
Une écriture incandescente, ciselée comme de la dentelle, pour une histoire très visuelle avec des scènes marquantes, les concerts des jeunes filles derrière les grilles, la première sortie d'Ilaria chez son amie pour un concert, les Noël passés chez ses parents, sa sortie pour ses quinze ans dans le palais des Leoni, l'embrasement dans la loge de l'opéra, des tissus bleus et une ceinture rouge qui imprègnent joliment le récit. Léonor de Récondo, elle-même violoniste reconnue, était la mieux placée pour retranscrire ce que la musique pouvait viscéralement provoquer chez sa jeune héroïne.
Une histoire d'amour absolu dans un merveilleux contexte historique déjà évoqué dans le premier roman de Christiana Moreau, "La sonate oubliée".
L'auteure
Ecrivaine, elle est l'auteure de huit romans dont Amours (2015, Grand Prix RTL-Lire et Prix des Libraires), Point cardinal (2017, Prix du roman des étudiants France Culture-Télérama), La Leçon de ténèbres (2020, prix Eve Delacroix de l'Académie française) et Revenir à toi (2021) (Source: éditeur)
Photo : © JF PAGA
Lus de cette auteure
pour accéder à ma chronique, cliquer ici
pour accéder à ma chronique, cliquer ici
pour accéder à ma chronique, cliquer ici
pour accéder à ma chronique, cliquer ici
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire