Date de parution : août 2016 chez Actes Sud
Nombre de pages :
Une prise de la Bastille à ras d'hommes
J'ai eu la chance d'entendre Eric Vuillard présenter son livre à Manosque, il avait fait preuve d'un tel enthousiasme pour parler de son roman que je m'étais promis de le lire très vite.
Eric Vuillard plante le décor en ouvrant son récit sur l'émeute Réveillon du 23 avril. Prémices du 14 juillet, cette émeute fera 300 morts lors de la journée la plus meurtrière de toute la révolution. Jean-Baptiste Réveillon, propriétaire de la manufacture royale de papiers peints, avait réclamé une baisse des salaires alors que la famine sévissait dans une France criblée de dettes.
Eric Vuillard plante le décor en ouvrant son récit sur l'émeute Réveillon du 23 avril. Prémices du 14 juillet, cette émeute fera 300 morts lors de la journée la plus meurtrière de toute la révolution. Jean-Baptiste Réveillon, propriétaire de la manufacture royale de papiers peints, avait réclamé une baisse des salaires alors que la famine sévissait dans une France criblée de dettes.
Eric Vuillard nous raconte la prise de la Bastille à hauteur d'homme, il met en scène le peuple. Il fait revivre tous ces invisibles en leur donnant des noms, un métier, une région d'origine... Des métiers qui racontent la vie de ces hommes, des métiers qui pour certains n'existent plus. C'est une véritable avalanche de noms, de métiers avec laquelle Eric Vuillard nous embarque pour vivre ces journées historiques.
Il nous fait vivre la nuit du 13 juillet et la journée du 14 juillet heure par heure, des Invalides à la Bastille. Environ 200 000 personnes, hommes, femmes, ouvriers, petits commerçants, artisans, bourgeois, étudiants, pauvres... sont dans les rues "il faut se figurer une foule qui est une ville, une ville qui est un peuple." "La Bastille est assiégée par Paris." et décrit avec ironie les "gens de l'hôtel de ville" qui viennent calmer les esprits.
Eric Vuillard mêle une part de fiction à son récit autour de certains de ses personnages, il invente des noms de femmes qui apportent la poudre, les repas (peu de noms de femmes figurent dans les archives), il utilise le "on" pour parler de la foule, invente des mots "les mouches rognonnaient", utilise des mots d'argot "le frichti", glisse des anachronismes lorsqu'il parle de traders par exemple. "La vérité passe à travers mes mots comme le signe de nos secrets."
Le "je" de l'écrivain "Oh! je sais, on me l'a dit, ..." apparait aussi de temps en temps.
En filigrane il évoque ses sources, les écrits qu'ont laissés des gens du peuple parfois rédigés par des écrivains publics lorsqu'ils étaient illettrés, des écrits empreints de vérité où ils racontaient simplement ce qu'ils avaient fait ce jour là. Il s'est aussi appuyé sur les procès-verbaux retrouvés aux archives de la police au Chatellet.
Il pointe également les points communs avec la situation actuelle avec son lot de dettes et d' inégalités et termine son récit sur une espérance avec une belle fin poétique, une rêverie optimiste avec une belle image d'une pluie de papier.
Eric Vuillard rend parfaitement l'atmosphère qui a dû régner ce jour là, cela grouille, cela bouillonne dans ce texte foisonnant au rythme souvent haletant. J'ai ressenti une impression incessante de mouvement, le mouvement de cette foule qui a tout fait céder devant elle.
Eric Vuillard est un écrivain qui met l'histoire au centre de son œuvre, il a parfaitement réussi à restituer cet événement si hautement symbolique et à le rendre passionnant.
Les avis de Nicole, Clara, Laure et Eva
Merci aux Editions Actes Sud pour l'envoi de ce romanIl nous fait vivre la nuit du 13 juillet et la journée du 14 juillet heure par heure, des Invalides à la Bastille. Environ 200 000 personnes, hommes, femmes, ouvriers, petits commerçants, artisans, bourgeois, étudiants, pauvres... sont dans les rues "il faut se figurer une foule qui est une ville, une ville qui est un peuple." "La Bastille est assiégée par Paris." et décrit avec ironie les "gens de l'hôtel de ville" qui viennent calmer les esprits.
Eric Vuillard mêle une part de fiction à son récit autour de certains de ses personnages, il invente des noms de femmes qui apportent la poudre, les repas (peu de noms de femmes figurent dans les archives), il utilise le "on" pour parler de la foule, invente des mots "les mouches rognonnaient", utilise des mots d'argot "le frichti", glisse des anachronismes lorsqu'il parle de traders par exemple. "La vérité passe à travers mes mots comme le signe de nos secrets."
Le "je" de l'écrivain "Oh! je sais, on me l'a dit, ..." apparait aussi de temps en temps.
En filigrane il évoque ses sources, les écrits qu'ont laissés des gens du peuple parfois rédigés par des écrivains publics lorsqu'ils étaient illettrés, des écrits empreints de vérité où ils racontaient simplement ce qu'ils avaient fait ce jour là. Il s'est aussi appuyé sur les procès-verbaux retrouvés aux archives de la police au Chatellet.
Il pointe également les points communs avec la situation actuelle avec son lot de dettes et d' inégalités et termine son récit sur une espérance avec une belle fin poétique, une rêverie optimiste avec une belle image d'une pluie de papier.
Eric Vuillard rend parfaitement l'atmosphère qui a dû régner ce jour là, cela grouille, cela bouillonne dans ce texte foisonnant au rythme souvent haletant. J'ai ressenti une impression incessante de mouvement, le mouvement de cette foule qui a tout fait céder devant elle.
Eric Vuillard est un écrivain qui met l'histoire au centre de son œuvre, il a parfaitement réussi à restituer cet événement si hautement symbolique et à le rendre passionnant.
Les avis de Nicole, Clara, Laure et Eva
Citations
"C'est inouï le nombre de bègues devenus orateurs, et le nombre de cancres devenus écrivains. La vie est bien curieuse, qui nous attrape souvent par où elle a manqué."
"Les grands évènements se passent souvent de cette manière, le pouvoir est vacant, silencieux, prudent peut-être, et les grands commis hésitent tandis que les dés roulent sur la table."
"On apprend beaucoup à chômer. On apprend à traîner, à regarder, à désobéir, à maudire même. Le chômage est une école exigeante. On y apprend que l'on n'est rien. Cela peut servir."
"La parole ne laisse pas de traces, mais elle fait des ravages dans les cœurs. On se souvient toute une vie d'un mot, d'une phrase qui nous a touchés."
L'auteur
Éric Vuillard est un écrivain et cinéaste français né en 1968.
Lu du même auteur
pour accéder à ma chronique, cliquer ici
48ème participation au Challenge Rentrée Littéraire 2016
Du coup je vais lire Tristesse de la terre histoire de continuer à explorer cette écriture pleine de vie...
RépondreSupprimerBon choix même si je l'ai moins aimé que 14 juillet...
SupprimerJ'ai été soulevée par ce roman, une de mes meilleures lectures de ces derniers mois ! (si bien que je l'ai cité ce matin même dans une dissertation portant sur la fiction au service de l'Histoire!). Je n'ai pas encore lu Tristesse de la terre, mais on m'a dit qu'il était moins bien, j'ai peur d'être déçue... je vais jeter un coup d'oeil à votre chronique.
RépondreSupprimerBienvenue sur mon blog et merci pour votre commentaire. J'ai trouvé Tristesse de la terre moins fort mais il vaut quand même le coup, il faut peut-être éviter de le lire dans la foulée de celui-ci pour ne pas être déçu...
SupprimerUn très beau texte, en effet, qui remet le peuple, et non plus les grands hommes que l'on connaît, au centre de l'événement.
RépondreSupprimerC'est tout la force de ce récit, une porte d'entrée originale et réussie.
SupprimerJ'aime l'enthousiasme de cet auteur. J'avais tout de même préféré Tristesse de la terre.
RépondreSupprimerMoi j'ai préféré celui-ci, en tout cas c'est un auteur que je vais suivre !
SupprimerJ'ai beaucoup beaucoup aimé ce roman et j'ai hâte de découvrir les autres textes de cet auteur... Merci pour ta chronique : j'ai ressenti les mêmes émotions que toi! A bientôt!
RépondreSupprimerMerci... il est très émouvant en effet, j'aime cette vision à hauteur d'hommes. A bientôt !
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