Date de parution : février 2017 chez Grasset
Nombre de pages : 150
J'avais beaucoup entendu parler de Carole Zalberg mais jusqu'à présent je n'avais encore jamais eu l'occasion de la lire. J'ai découvert la profondeur de sa réflexion et la qualité de son écriture grâce à ce terrible et magnifique roman et je la classe désormais dans mes indispensables !
* Edouard, un homme au visage monstrueux, dévasté par un accident par le feu qui ne subit que des regards de gêne, de dégoût
* Marie, une gamine joyeuse de 8-9 ans, qui dansait du matin au soir
* Dans la rue un regard innocent de Marie sur ce visage monstrueux
* La construction d'un délire amoureux à partir de ce regard
Edouard, hanté par le souvenir de ce regard, épie celle qu'il voit comme sa promise puis l'enlève et la séquestre dans une cave, Marie a alors 13 ans.
Edouard, hanté par le souvenir de ce regard, épie celle qu'il voit comme sa promise puis l'enlève et la séquestre dans une cave, Marie a alors 13 ans.
Enfermée, attachée à un lit, violentée et violée, Marie va passer de la révolte à une forme de résistance passive, une immobilité, elle choisit "d'attendre au fond d'elle", réfugiée dans un monde qui fait étrangement écho au monde dans lequel Édouard se terre depuis son accident.
"Il dit qu'il m'honore et je suis violée. Je ne lutte plus depuis longtemps
mais je suis violée. Je ne dois pas oublier que je suis violée."
Elle résiste en égrenant à l'infini la litanie des noms de ses amis et connaissances et trouve refuge dans les livres que son bourreau lui apporte.
"Les livres me sont un ailleurs toujours plus étendu
et riche où il
n'existe pas, où je peux respirer,
m'inventer en dépit de lui."
Elle pense à ses parents et leur en veut de continuer à vivre comme avant car l'homme lui répète qu'ils se passent très bien d'elle, qu'elle n'a plus que lui. Elle doit aussi lutter contre l'ambivalence de ses sentiments et vivre avec la honte de sa soumission et du plaisir qu'elle ressent parfois.
L'homme est tout
aussi captif, enfermé que Marie, malheureux de sa résistance, de son
silence et de ses cris, "c'est si loin de ce que j'ai rêver pour nous". C'est un être détruit qui parle du lieu de leur enfermement en terme de "chez nous", de "notre nid".
J'ai aimé l'originalité et la richesse de la construction de ce roman où Carole Zalberg fait alterner les deux
voix de Marie et d'Edouard, insère les propos d'un narrateur extérieur qui
évoque leur enfance et leur histoire familiale puis donne la parole aux parents de Marie dans une dernière
partie.
Carole Zalberg donne une dimension universelle à cette question de l'enfermement et de la violence faite aux femmes avec des chapitres où elle fait parler avec des "nous" terribles les lycéennes nigérianes enlevées par Boko Haram, les femmes yazidies esclaves sexuelles de l'état islamique...
J'ai été bouleversée par ce livre court mais très dense, très fort, fait de phrases courtes et très percutantes et écrit d'une plume magnifiquement poétique. La lecture en a été parfois éprouvante, à la limite du soutenable, des pauses m'ont parfois été nécessaires. Un livre coup de coeur-coup de poing que je ne suis pas prête d'oublier.
Il me reste maintenant à découvrir le reste de l’œuvre de Carole Zalberg.
Vous pouvez retrouver cette chronique dans "Découvrir les pépites de la rentrée littéraire 2017 " sur lecteurs.com
Citations
" Je dansais. Du matin au soir je dansais. C'est ce que je faisais. Avant lui."
" Tu es là mais tu ne me fais jamais don de ta présence."
" Elle pleure son fils disparu, elle le pleure jour et nuit. Elle me fait fantôme. Elle me nie."
L'auteur
Carole Zalberg est une écrivaine française née en 1965
Elle est traductrice, parolière, auteur jeunesse.
Elle a publié plusieurs romans pour adultes, "Feu pour feu" a obtenu le Prix Littérature-Monde 2014.
Carole Zalberg travaille également à des projets en lien avec le cinéma ou le théâtre.
Elle est administratrice de la SGDL (Société des Gens de Lettres) depuis 2012.
" Je dansais " est son onzième roman.
Catégorie SPORTS-LOISIRS
8ème contribution au Challenge Rentrée Hiver 2017 organisé par Laure de MicMelo
Je l'ai mais j'ai un peu peur ! Je vais attendre la fin de l'hiver et la douceur du printemps pour m'y plonger ;-)
RépondreSupprimerBisous et un joli dimanche à toi
C'est une sage décision, attends le moment propice pour bien profiter de ce bijou.
SupprimerBon dimanche (ensoleillé ? ) à toi aussi.
Bises
Feu pour feu est aussi une merveille absolue... Et oui, je confirme, il faut lire Carole Zalberg <3
RépondreSupprimerhttp://aliasnoukette.fr/je-dansais-carole-zalberg/
J'avais lu des avis très positifs sur feu pour feu sur des blogs et je l'avais mis dans ma Pal depuis une éternité.
SupprimerJe vais l'en sortir de toute urgence !
Je ne connais pas du tout cet auteur... je note ! Tous vos commentaires me donnent très très envie ! Merci
RépondreSupprimerIl vaut vraiment le coup en effet. C'est une auteure que je vais suivre c'est certain...
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