Date de parution : janvier 2017 chez JC Lattès
Nombre de pages : 376
Tout commence le 12 juillet 1998. En pleine finale de la coupe du monde de foot,
Victoire et Nicolas se rencontrent dans un bar à Paris. Nicolas, 19 ans, est étudiant en sociologie, c'est un solitaire peu à l'aise avec les filles qui a très d'expérience dans ce domaine. Il profite d'assister à cette finale du Mondial dans un bar pour tenter de se rapprocher physiquement des filles supportrices. Victoire, étudiante en psycho, est née le 10 mai 81, le jour de la victoire de François Mitterrand. Nicolas et Victoire s'installent très vite ensemble.
Ce roman nous raconte leur histoire, c'est l'histoire ordinaire d'un couple ordinaire qui s'installe vite dans la routine du quotidien avec la tendresse qui remplace vite le sexe et l'apparition des pantoufles...
A l'issue de leurs études, ils rentrent mollement dans la vie active, sans vocation et sans ambition, elle dans une agence de communication et lui comme rédacteur dans une revue de sociologie sur internet. Pas du tout investis dans leur vie professionnelle, ils mènent une vie étriquée sur tous les plans et ne parviennent pas à donner un sens à leur vie.
A l'issue de leurs études, ils rentrent mollement dans la vie active, sans vocation et sans ambition, elle dans une agence de communication et lui comme rédacteur dans une revue de sociologie sur internet. Pas du tout investis dans leur vie professionnelle, ils mènent une vie étriquée sur tous les plans et ne parviennent pas à donner un sens à leur vie.
Nicolas et Victoire sont un peu des anti-héros assez médiocres, sans ambition, apathiques qui enchainent frustration et résignation. "Leur
couple finit par prendre tout entier la place des idéaux qui leur
manquaient tant. Il était devenu un refuge où ils se sentaient à l'abri
de la vie."
Mais au delà de l'histoire de Nicolas et Victoire c'est le portrait d'une génération que nous brosse Marjorie Philibert. Une génération qui s'identifie un temps aux jeunes du loft puis qui vit son premier engagement en descendant dans la rue le 21 avril 2002 lorsque Le Pen atteint le deuxième tour de l'élection présidentielle, première manif et premier vote pour ces jeunes.
Marjorie Philibert se livre à une sorte d'analyse sociologique de ces jeunes timorés, sans envie, centrés sur eux-mêmes qui lors de la canicule de 2003 imaginent faire des enfants pour ne pas mourir seul comme tant de personnes âgées cet été là "pour avoir quelqu'un qui puisse faire le numéro des pompiers avant qu'il ne soit trop tard." L'analyse psychologique du couple est également assez fine car l'auteure dissèque leurs pensées. "On s’épuisait à se parler sans s'écouter, à s'expliquer sans se
comprendre, à souffrir comme si on avait tout le temps devant soi, pour
finir par passer sa vie côte à côte comme deux vaches dans un pré."
Je trouve que le bandeau de couverture dessert énormément ce roman qui est moins léger qu'il ne le parait. L'écriture est vive et très agréable à lire. Bourré d'anecdotes, le récit est souvent drôle mais distille un sentiment de tristesse, de pessimisme face à la vie sans consistance de ce couple désenchanté. J'ai été étonnée de prendre autant de plaisir à lire ce livre à la douce mélancolie.
Une surprenante découverte grâce à l'aventure des 68 premières fois.
Merci à NetGalley et aux éditions J.C. Lattès pour cette lecture.
Merci à NetGalley et aux éditions J.C. Lattès pour cette lecture.
Citations
" Victoire écrivait tous les jours comme on avale un médicament, en proie à une mortelle déprime, s'efforçant d’anesthésier sa sensibilité en pensant à l'argent qu'elle allait gagner (méthode employée de fait par bien des écrivains, sans qu'ils l'avouent en interview.)"
" La haine de soi se niche parfois dans une politesse exagérée."
" Ils étaient plus pauvres que des pauvres, car ils n'avaient pas même l'orgueil de la pauvreté, ni la soif de revanche à transmettre à leur progéniture."
" Ils avaient eu peur de ce que l'arrivée d'un enfant contenait d’imprévisible; à force de vouloir être civilisés, ils avaient empêché toute irruption du sauvage."
" Les souffrances de Nicolas commencèrent même à s'estomper, à mesure qu'il se sentait débarrassé du poids de devoir être quelqu'un."
L'auteur
Marjorie Philibert est née en 1981 et est journaliste à Paris. Presque ensemble est son premier roman.
5ème lecture parmi les douze premiers romans de la sélection rentrée d'hiver des 68 premières fois
16ème contribution au Challenge Rentrée Hiver 2017 organisé par Laure de MicMelo
C'est vrai que je n'aurais pas parié sur mon envie de lire ce roman...!
RépondreSupprimerJe l'avais dans ma liseuse depuis plus de deux mois grâce à Netgalley et je n'arrivais pas à me décider à le lire. Heureusement qu'il a fait partie de la sélection des 68..
SupprimerIl ne m'a pas l'air absolument indispensable, mais néanmoins une lecture sympathique... que j'aurai peut-être l'occasion de découvrir ;-)
RépondreSupprimerSympathique n'est pas vraiment le mot approprié...Il est plus que ça et il dresse vraiment le portrait d'une génération...
SupprimerJe ne sais pas s'il me tente mais au moins l'ai-je découvert, grâce à votre chronique :)
RépondreSupprimerMerci pour ce passage sur mon blog...
SupprimerC'est un livre très particulier qui ne plaira certainement pas à tout le monde...
je suis tout à fait d'accord avec toi - En lisant ce livre j'étais souvent mal à l'aise tant il me semblait pessimiste - tout me semblait tellement "gris" et pourtant j'ai suivi jusqu'au bout ces 2 personnages ordinaires dans leur quotidien ordinaire. Le roman d'une génération ? J'ai aimé l'écriture juste et fine - j'ai aimé le rythme. Livre sans concessions, amer, qui nous bouscule.
SupprimerBonjour Annie, ravie de te retrouver ici !
SupprimerC'est vrai qu'il est étrange ce livre.
Je comprends que certains l'aient abandonné mais comme toi j'ai trouvé ce portrait d'une génération (ou du moins je l'espère d'une partie d'une génération...) amer, tu as raison, mais très juste, très bien analysé.
Bises