Nombre de pages : 208
Prix Décembre 2016 - Prix Giono 2016
Cela fait plusieurs mois que j'avais envie de lire ce roman sur l'embrigadement mais j'ai voulu attendre d'avoir "digéré" le fabuleux roman de Pascal Manoukian sur le même thème Ce que tient ta main droite t'appartient.
Baptiste, 14 ans, est enlevé dans le désert par un groupe de djihadistes avec ses parents et ses deux petits frères. Libéré au bout de quelques semaines alors qu'on ne sait pas ce qu'est devenu le reste de sa famille, il est soumis à un débriefing pour retrouver ses ravisseurs et l'aider à se reconstruire.
Le roman alterne les dialogues entre Baptiste et la personne qui l'interroge (qui n'est jamais identifiée) et le récit de son histoire par un narrateur. Son histoire c'est l'enlèvement par des djihadistes en moto, un climat de peur instauré d'emblée avec un simulacre d'exécution de toute la famille, la peur de mourir, les humiliations, la faim, la soif dans un désert implacable, l'ennui, des ravisseurs au comportement imprévisible avec un chef Amir qui veut être craint mais aussi être aimé.... Mais c'est aussi ce que le jeune garçon nomme "La séparation" entre lui et sa famille;
Tout d'abord Baptiste refuse de répondre à son prénom, il dit s'appeler désormais Yumaï, le nom que lui ont donné ses ravisseurs. Le dialogue est compliqué avec Yumaï qui se rémémore certains souvenirs mais qui a de grands trous noirs et des souvenirs dont il ne veut pas parler.
Très vite il dit être mort là-bas ou se sentir avec ses ravisseurs, comme eux. Quand et comment a-t-il été enrôlé, quand est-il passé de l'autre côté? Comment Baptiste est-il mort là baspour devenir Yumaï?
Pouquoi ces djihadistes l'ont-ils choisi pour établir avec lui une relation privilégiée? Très certainement parce qu'il a 14 ans, l'âge pour devenir un combattant, d'ailleurs Yumaï est un nom de guerrier... Son apprentissage va passer par de terribles épreuves quand il est abandonné seul plusieurs jours dans une grotte sur les parois de laquelle il découvre des dessins "d'hommes d'avant " au milieu de signes et de fantômes et où il compte inlassablement
les mains dessinées.
Gavé de "comprimés de courage et de comprimés de bonheur", c'est une épreuve pour l'endurcir pour qu'il devienne capable de tuer au nom de Dieu.
Une fois commencé, je n'ai pas pu lâcher ce roman. J'ai trouvé la technique narrative très intéressante avec l'alternance des dialogues terrifiants entre Yumaï et son débriefeur et le récit plus classique. Son interrogatoire doit l'aider à retrouver le souvenir de ce qu'il a fait sous l'emprise des monstres qui l'ont embrigadé et la montée en puissance dans l'horreur est terrible.
C'est un roman effrayant, efficace qui nous mène jusqu'au bout de f'effroi. Un récit marquant au sujet très fort que je n'oublierai pas de sitôt.
Citations
"Il n'y a pas que dans les prisons qu'on enferme"
Alain Blottière est un écrivain français né en 1954.
Auteur de romans, de récits de voyage et d'essais, son œuvre se
caractérise par son inspiration exotique et souvent historique, où se
révèle sa profonde nostalgie pour un âge célébré (l'enfance et
l'adolescence), et des époques (l'Antiquité, le XIXe siècle...) ou des
pays (l'Égypte, les Îles de la Sonde...) lointains.
Catégorie MORT
Merci pour ton article ! Je suis très tentée par ce livre et ta chronique a fini de me convaincre ! Ce livre n'a-t-il pas eu aussi le prix Jean Giono ?
RépondreSupprimerTu devrais l'aimer... J'avais zappé ce prix... je le note de suite, merci !
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