Nombre de pages : 198
Le narrateur habite en Lorraine et travaille à l'entretien des caténaires à la SNCF, il élève seul ses deux fils depuis la mort de sa femme, la "moman", lorsque les enfants étaient adolescents. Militant du parti socialiste il passe des soirées à la Section. Sa vie bascule lorsqu'il découvre que son fils aîné de vingt-deux ans, Frédéric, traine avec l'extrême droite...
Le père éprouve honte et colère, il s'enferme dans le silence, il ne parle plus à son fils que pour le strict nécessaire " On était en apnée, on se parlait sans se parler" , un fossé se creuse entre eux, seul le foot reste le terrain neutre où ils parviennent encore à partager des moments de complicité.
La honte que ce père ressent face à ce fils qui prend une route opposée à tout ses principes, à toutes les valeurs qu'il a voulu lui inculquer, va être amplifiée après des événements graves dans lesquels Frédéric sera impliqué. Impossible d'en dire plus...
Cette histoire d'une grande simplicité raconte la vie qui bascule sur un rien, la minute où tout déraille, une grande profondeur se cache sous cette apparente simplicité. L'évolution des sentiments du père, le cheminement vers la réconciliation sont évoqués avec une grande sobriété. Ce roman aborde la difficulté à communiquer avec ses enfants, l'amour paternel, la responsabilité des parents face aux choix de leurs enfants, les regrets, les remords, la culpabilité. Un roman lu dans un souffle qui interroge sur la façon dont nous aurions réagi à la place du père...
Les personnages secondaires, le copain d'un fils, le copain du père, sont tous aussi forts que les personnages principaux que sont le père et ses deux fils sans oublier la "moman" avec qui le père partage son désespoir dans des dialogues très émouvants. Un style épuré, des dialogues qui sonnent juste, une construction très habile avec une ellipse très réussie en cours de récit et un dénouement qui bouscule. Un condensé de pudeur, de finesse et de sensibilité. Un coup de maître pour un premier roman poignant sans aucun pathos.
L'auteur
Laurent Petitmangin est né en 1965 en Lorraine au sein d’une famille de cheminots. Il passe
ses vingt premières années à Metz, puis quitte sa ville natale pour
poursuivre des études supérieures à Lyon. Il rentre chez Air France,
société pour laquelle il travaille encore aujourd’hui. Grand lecteur, il
écrit depuis une dizaine d’années. Ce qu’il faut de nuit est son premier roman. (Source : éditeur)
Pour le coup, je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi : la vie de Fus ne bascule pas sur un rien. Il y a d'abord la mort de sa mère, au termes de trois ans de maladie qui le mènent tous les dimanche à l'hôpital. Le genre d'expérience qui laisse des traces... et l'auteur traite son personnage comme si cela n'avait eu qu'une très faible incidence sur lui (et sur son frère, d'ailleurs).
RépondreSupprimerAprès, il y a les mauvaises rencontres. Mais même de cela nous n'apprenons pas grand chose et n'en percevons qu'un écho lointain. Au final, j'ai trouvé qu'on restait trop en surface des choses, tout en jouant sur la corde sensible du lecteur...
Pour moi ce n'est pas l'auteur mais le personnage du père qui banalise les effets de la mort de la maman sur ses fils. Un moyen de se protéger peut-être, une volonté d'aller de l'avant?
SupprimerLes mauvaises rencontres ne sont certes pas approfondies mais pour moi le sujet est ailleurs dans la relation père-fils et je n'y ai trouvé, contrairement à toi, aucune complaisance.
Mais comme tu le dis toi même, c'est si rare que nos avis divergent à ce point que cela devait bien arriver un jour !!!
ce fut aussi un coup de cœur; les relations père fils vues sous un angle inhabituel.
RépondreSupprimerPour une même méthode d'éducation, les résultats divergent.
Danielle
Lu il y a plusieurs mois ce livre me reste bien en tête, preuve qu'il a provoqué une émotion durable en moi.
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