Date de parution : janvier 2021 chez Grasset
Nombre de pages : 216
" Il m'a appris à être celui que je n'étais pas", c'est ainsi que commence cette histoire d'amitié entre deux adolescents.
L'histoire se déroule en Sibérie centrale dans les années 70, à l’époque de l'empire soviétique finissant. Le narrateur avait treize ans et vivait dans un orphelinat quand il se lia d'amitié avec Vardan, son aîné d'un an qui vivait avec sa mère Chamiram dans une pièce louée au "Bout du diable", un quartier qu'une dizaine d'Arméniens avait choisi quelques semaines plus tôt comme lieu d'échouage pour ne pas s'éloigner de leurs proches, incarcérés dans l'attente d'un procès. C'était le "royaume d'Arménie" que les gens de la ville évitaient soigneusement.
Dans la cour de l'école,
la narrateur a pris la défense de Vardan, harcelé pour son visage à l'apparence féminine puis l'a protégé quand il a su qu'il était atteint de la maladie dite "arménienne", un mal héréditaire, il est alors devenu la "sentinelle de sa vie menacée". En raccompagnant son ami à son domicile il a fait connaissance avec la petite communauté de familles arméniennes
venues soulager le sort de leurs proches transférés et emprisonnés en ce
lieu, à 5 000 kilomètres de leur Caucase natal, en attente de jugement
pour "subversion séparatiste et complot anti-soviétique" parce qu'ils
avaient créé une organisation clandestine se battant pour
l'indépendance de l'Arménie.
Dans ce roman se croisent deux nostalgies, la nostalgie d'une amitié pour le narrateur et la nostalgie du pays natal pour les arméniens. Le narrateur va découvrir ce peuple déraciné, ses rythmes et ses rituels mais aussi les horreurs dont il a été victime et la solidarité qui unit ses membres. Il va se sentir bien au sein de cette communauté où règne une tendresse qu'il n'a jamais connue à l'orphelinat, il découvre ce que peut être une famille, un monde bien différent de celui où il a toujours connu. L'écriture d'Andréï Makine est bien entendu irréprochable mais je l'ai trouvée parfois un peu trop travaillée avec des passages un peu grandiloquents. Même si son vécu et sa santé vacillante ont donné à Vardan une maturité exceptionnelle, j'ai parfois trouvé que les pensées philosophiques, les réflexions sur la vie que l'auteur lui prêtait étaient assez incongrues dans la bouche d'un adolescent de cet âge. Malgré quelques scènes marquantes, malgré le caractère lumineux de Vardan, ce roman ne m'a malheureusement pas touchée autant que je l'aurai souhaité.
L'auteur
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