Date de parution : avril 2015 chez Grasset
Nombre de pages : 288
Raphaëlle Bacqué, journaliste du Monde, a mené une enquête très poussée
sur la vie de Richard Descoings, ancien directeur de Sciences Po. Comme à
son habitude, son livre est très documenté et nous donne un portrait
complet de cette personnalité hors du commun.
Parisien des beaux quartiers, Richard Descoings fait sciences Po puis entre à l'ENA en 1983. Pendant sa scolarité, il se montre réservé, peu populaire, transparent même selon certains. Il sort 10ème à la surprise de tous et intègre aussitôt le Conseil d'État puis le cœur du pouvoir comme conseiller ministériel.
Il mène en parallèle une vie nocturne de plaisir et de débauche dans le milieu homosexuel en prenant soin de dresser une barrière étanche entre ses 2 vies.
On suit son engagement dans l’association Aides, sa rencontre avec Guillaume Pepy avec qui il s'installe en couple assumant aux yeux de tous sa différence, son mariage avec Nadia et l'intriguant trio qu'ils finiront par former.
Passionné d'éducation, il prend la direction de Sciences Po en 1996, à seulement 38 ans. Ce sera un directeur atypique qui fait l'unanimité auprès des étudiants qui lui vouent un véritable culte. Il joue sans vergogne de son charme auprès de tous.
Fourmillant d'idées nouvelles, il enchaine les réformes, favorise l'accès de cette institution jusqu'ici réservée aux élites, aux jeunes des zones défavorisées, il internationalise l'école la voulant égale aux prestigieuses universités internationales.
Maniant l'art de la séduction, il s'autorise toutes les transgressions, met en place un régime de faveurs et de défaveurs et a la révocation facile...
Cet être tyrannique, injuste, despote forme avec sa femme qu'il a nommée directrice-adjointe un couple tout puissant qui, au temps du désamour, sera comparé au couple Ceausescu par certains.
Mais on le sent également très fragile, dépressif, tour à tour exalté ou déprimé, avec un énorme besoin d'être aimé. Le désastre final était largement prévisible.
Raphaëlle Bacqué nous brosse ici le tableau d'une sorte de Don Juan visionnaire qui a eu une vie hors normes.
Lecture que je conseille.
Citations
"Richard Descoings s'est décidé à faire le voyage de l'autre côté du périphérique, vers cette société bigarrée et pauvre qu'il n'a jamais fréquentée.
Rue Saint-Guillaume, on ne voit presque que de jeunes bourgeois à la peau rose et quand leur teint est d'ébène, ce sont les fils de diplomates africains.
Lorsque le directeur monte jusqu'à son bureau, et regarde les portraits de ses prédecesseurs, il sait pourtant que l'histoire de Sciences Po a surtout retenu deux d'entre eux et deux grandes dates: Emile Boutmy, le fondateur en 1871 et Jacques Chapsal, le refondateur en 1945."
"Une certaine version de la sociologie de comptoir veut que les familles aristocratiques ou de la haute bourgeoisie aient longtemps orienté les fils soupçonnés d’aimer les garçons vers la diplomatie, afin d’exporter autant que possible les sujets de scandales vers de lointains pays et le secret des ambassades."
Parisien des beaux quartiers, Richard Descoings fait sciences Po puis entre à l'ENA en 1983. Pendant sa scolarité, il se montre réservé, peu populaire, transparent même selon certains. Il sort 10ème à la surprise de tous et intègre aussitôt le Conseil d'État puis le cœur du pouvoir comme conseiller ministériel.
Il mène en parallèle une vie nocturne de plaisir et de débauche dans le milieu homosexuel en prenant soin de dresser une barrière étanche entre ses 2 vies.
On suit son engagement dans l’association Aides, sa rencontre avec Guillaume Pepy avec qui il s'installe en couple assumant aux yeux de tous sa différence, son mariage avec Nadia et l'intriguant trio qu'ils finiront par former.
Passionné d'éducation, il prend la direction de Sciences Po en 1996, à seulement 38 ans. Ce sera un directeur atypique qui fait l'unanimité auprès des étudiants qui lui vouent un véritable culte. Il joue sans vergogne de son charme auprès de tous.
Fourmillant d'idées nouvelles, il enchaine les réformes, favorise l'accès de cette institution jusqu'ici réservée aux élites, aux jeunes des zones défavorisées, il internationalise l'école la voulant égale aux prestigieuses universités internationales.
Maniant l'art de la séduction, il s'autorise toutes les transgressions, met en place un régime de faveurs et de défaveurs et a la révocation facile...
Cet être tyrannique, injuste, despote forme avec sa femme qu'il a nommée directrice-adjointe un couple tout puissant qui, au temps du désamour, sera comparé au couple Ceausescu par certains.
Mais on le sent également très fragile, dépressif, tour à tour exalté ou déprimé, avec un énorme besoin d'être aimé. Le désastre final était largement prévisible.
Raphaëlle Bacqué nous brosse ici le tableau d'une sorte de Don Juan visionnaire qui a eu une vie hors normes.
Lecture que je conseille.
Citations
"Richard Descoings s'est décidé à faire le voyage de l'autre côté du périphérique, vers cette société bigarrée et pauvre qu'il n'a jamais fréquentée.
Rue Saint-Guillaume, on ne voit presque que de jeunes bourgeois à la peau rose et quand leur teint est d'ébène, ce sont les fils de diplomates africains.
Lorsque le directeur monte jusqu'à son bureau, et regarde les portraits de ses prédecesseurs, il sait pourtant que l'histoire de Sciences Po a surtout retenu deux d'entre eux et deux grandes dates: Emile Boutmy, le fondateur en 1871 et Jacques Chapsal, le refondateur en 1945."
"Une certaine version de la sociologie de comptoir veut que les familles aristocratiques ou de la haute bourgeoisie aient longtemps orienté les fils soupçonnés d’aimer les garçons vers la diplomatie, afin d’exporter autant que possible les sujets de scandales vers de lointains pays et le secret des ambassades."
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