mercredi 5 août 2015

Le chœur des femmes de Martin Winckler


Date de parution : septembre 2009

Un pavé de plus de 600 pages, passionnant du début à la fin. MAGNIFIQUE.
Ce livre traite de 2 façons radicalement opposées d'exercer la médecine. D'un côté Jean, sûre d'elle, sortie major de sa promo, pour qui compte avant tout la technicité, se destine à la chirurgie réparatrice des organes sexuels féminins, chirurgie de pointe; de l'autre côté, Franz Karma, un médecin généraliste, plein d'humanité qui a fondé un service atypique de "Médecine de la femme", attenant à l'hôpital. Karma est un médecin profondément humain qui, notamment, prend toujours le temps d'expliquer aux femmes comment fonctionne leur corps.
Jean est affectée dans ce service contre son gré en attendant d'avoir un poste prestigieux de chef de service en chirurgie gynécologique; elle doit passer un semestre dans ce service pour valider son internat.
Karma et Jean sont certes un peu caricaturaux mais les idées que fait passer ce livre sont tout simplement fabuleuses.
Au travers d'histoires de nombreuses femmes, ce récit parle du corps des femmes dans leur intimité, de l'âme des femmes, du respect, de l'écoute, de l'empathie, du non jugement dans la pratique de la médecine. Il aborde le viol, l'IVG, l'avortement clandestin, la pilule, la pose d'implant, de stérilet, toute la vie des femmes en somme... Mais il parle aussi de la prise en compte de la douleur par les médecins, du poids de l'enseignement dispensé par les mandarins qui formatent leurs étudiants, il remet en cause l'examen gynécologique contraignant les femmes à la nudité et à une position dégradante imposées...
L'intersexualité est également au cœur de ce roman, sujet très intéressant malheureusement très peu abordé dans la littérature.

Le médecin-écrivain Martin Winckler, avec ces innombrables histoires qui composent son livre, nous fournit un récit qui sonne très très juste.
Bref, un très beau coup de cœur!!!


Citations
"Les livres de médecine ne parlent pas des douleurs provoquées par les gestes des médecins. Et beaucoup de médecins pensent que si c'est pour le bien des patientes, la douleur est justifiée. Aucune douleur n'est justifiée. Jamais."

"La profession de médecin, c'est risqué, même quand tu t'occupes de cadavres. Si tu ne veux pas faire face à l'inconnu, change de métier."

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