Nombre de pages : 208
La parution d'un nouveau roman de Delphine de Vigan, une de mes auteurs préférées, est forcément pour moi un petit évènement.
Après ses deux précédents romans qui mêlaient fiction et réel, Delphine de Vigan nous offre ici une histoire humaine très forte mettant en scène quatre blessés de la vie, deux femmes et deux jeunes adolescents de 12-13 ans. Hélène, professeure à la "mélancolie diffuse" est restée marquée par la violence de son père. Cécile, femme au foyer effacée devant son mari, se rend compte qu'elle ne connait pas l'homme avec qui elle vit depuis des années lorsqu'elle découvre les zones d'ombre de son mari. Mathis, le fils de Cécile, ne quitte plus son copain Théo rencontré l'année précédente, jeune ado à la dérive, tiraillé entre ses parents depuis leur séparation six ans plus tôt.
Pour retracer l'histoire de ces quatre personnages, Delphine de Vigan adopte pour certains chapitres une narration à la première personne et pour les autres une narration à la troisième personne. Dans un récit à la tension savamment dosée, elle aborde de multiples sujets. Il est question de culpabilité, de la place des enseignants dans la vie des jeunes ados et dans la détection de leurs difficultés, de la garde alternée entre deux parents adversaires de part et d'autre de la frontière érigée par une mère, du poids pour les enfants des failles et dérives de leurs parents, de l'impossibilité pour une femme de se libérer de sa haine envers son mari au point d'en oublier son enfant, de l'addiction, de limites que peuvent parfois chercher les ados pour trouver l'oubli, d'enfants qui portent des choses trop lourdes pour eux et sont contraints de se poser en protecteurs de leurs parents... Au milieu de tous ces sujets forts sont effleurés, par petites touches bien instillées, le harcèlement sexuel, la téléréalité, les réseaux sociaux...
J'ai tout aimé dans ce roman, son écriture précise et juste, l’absence de jugement de l'auteur et la fin qu'on pourrait qualifier d'abrupte mais qui m'a semblé, au contraire, très adroite.
Citations
" Chaque vendredi, à peu près à la même heure : ce déplacement d'un monde l'autre, sans passerelle ni passeur. A huit stations de métro : une autre culture, d'autres mœurs, une autre langue. Il n'a que quelques minutes pour s'acclimater. "
" Ce qu'il perçoit surtout, c'est ce caillot de haine que sa mère a
gardé en elle-même, qui ne s'est jamais résorbé. Il sait que le caillot
est là, qu'il suffit de quelques mots pour qu'il s'ouvre en deux et que
se répande le sang noir qu'il contient. Il sait que cette haine est le
fruit pourri d'une blessure. "
" Quiconque vit ou a vécu en couple sait que l'Autre est une énigme. Une part de l'Autre nous échappe, résolument, car l'Autre est un être mystérieux qui abrite ses propres secrets, et une âme ténébreuse et fragile, l'Autre recèle par-devers lui sa part d'enfance, ses blessures secrètes, tente de réprimer ses troubles émotions et ses obscurs sentiments. "
" Parfois je me dis que devenir adule ne sert à rien d'autre qu'à ça : réparer les pertes et les dommages du commencement. Et tenir les promesses de l'enfant que nous avons été."
L'auteur
Delphine de Vigan est une romancière française. Son premier roman, "Jours sans faim" est paru en 2001 sous le pseudonyme de Lou Delvig. En 2008, "No et moi" reçoit le Prix des Libraires, une adaptation au cinéma a été réalisée par Zabou Breitman, film sorti en novembre 2010.
En 2011, elle obtient le prix du roman Fnac, le Prix Roman France Télévisions et le Prix Renaudot des Lycéens pour "Rien ne s'oppose à la nuit" ainsi que le grand prix des lectrices Elle 2012. En 2015, elle a publié un nouveau roman "D'après une histoire vraie" couronné par le Prix Renaudot et le Prix Goncourt des Lycéens. Le roman est adapté pour le cinéma par Roman Polanski avec Éva Green et Émmanuelle Seigner.
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8ème participation au challenge rentrée littéraire 2018 organisé par Bea Comete
grosse déception pour moi, j'ai trouvé ce livre superficiel et bourré de pathos...il ne m'a pas touchée.
RépondreSupprimerDivergence d'opinion donc, du coup j'ai mis un lien vers ton article. Pour moi, aucun pathos au contraire... On ne peut pas être d'accord à chaque fois !
SupprimerJ'ai moi aussi beaucoup aimé ce livre (dont je devais publier la chronique aujourd'hui,les grands esprits se rencontrent!).La fin en revanche m'a un peu déçue, je l'ai trouvée trop abrupte.
RépondreSupprimerBises
On se rejoint donc sur ce livre qui divise les lecteurs. J'ai trouvé la fin très habile au contraire...
SupprimerComme tu le dis, beaucoup de choses... pour un court roman. Du coup, oui, je trouve que le terme "effleurer" convient bien. Et pourtant, j'aime beaucoup Delphine de Vigan.
RépondreSupprimerJ'ai employé le terme "effleurer" pour quelques petits thèmes très anecdotiques, par contre j'ai beaucoup aimé la façon dont elle a traité les sujets principaux.
SupprimerJe serais moins enthousiaste que toi. C'est un joli livre mais je vais très vite l'oublier.
RépondreSupprimerC'est l'avenir qui te le dira...Peut-être va-t-il plus te marquer que tu ne le penses...
SupprimerMoi je n’ai pas aimé cette fin qui n’en est pas une !dommage car le roman est bon...
RépondreSupprimerPour moi au contraire cette fin est géniale car elle laisse à chacun imaginer sa propre fin...
SupprimerPas lu encore mais il me tarde ...
RépondreSupprimerTu es fan toi aussi de Delphine de Vigan?
SupprimerJ'espère qu'il te plaira autant qu'à moi car les avis sont très partagés sur ce livre...