Date de parution : février 2021 aux éditions de l'Olivier
Nombre de pages : 336
Le 19 décembre 2008, à Montréal-la-Cluse, un gros village tranquille sur les rives du lac de Nantua dans le Haut-Bugey, a eu lieu un crime abominable. Catherine Burgot a été assassinée de vingt-huit coups de couteau dans le bureau de poste où elle travaillait. Mère de deux enfants, enceinte de quelques mois, elle était issue d'une famille de notables, fille unique de Raymond Burgos, ancien secrétaire de mairie et ancien élu municipal. Un drame qui a marqué la communauté villageoise et la région toute entière.
Florence Aubenas, journaliste et écrivaine, a mené une enquête de sept ans sur ce drame et a rencontré plusieurs fois Gérald Thomassin. Le 29 août 2019 tous deux avaient rendez-vous devant le palais de justice de Lyon juste avant la convocation de
Thomassin pour ce qui aurait pu être le dernier
volet de l'interminable instruction du meurtre de la postière. Gérald Thomassin, que de nouvelles preuves ADN innocentaient, ne s'est pas présenté à cette confrontation qu'il attendait avec impatience alors qu'il avait toujours répondu aux convocations de la justice. Il est porté disparu depuis ce jour.
C'est donc l'histoire d'un crime et d'une disparition non élucidés que nous raconte Florence Aubenas.
Grand reporter au quotidien Le Monde, Florence Aubenas a couvert ce fait divers pour son journal en 2014, ce livre est le résultat de son enquête de sept ans. Elle brosse le portrait d'une région et nous offre une belle galerie de portraits avec en premier Gérald Thomassin, un acteur sauvage et solitaire, "attachant et décourageant" selon Jacques Doillon, un homme au passé effroyable qui a été aidé par Dominique Besnehard, Béatrice Dalle et l'avocat Eric Dupont-Moretti qui l'a défendu gratuitement mais Thomassin n'a pas pu lâcher son milieu et échapper à son destin. Il y a aussi le père de la victime, une personnalité très forte et sans doute écrasante pour sa fille, dévasté par la mort de son unique enfant. La bande de copines de Catherine qui se réunissaient tous les matins dans la salle de repos de la poste. Tintin et Rambouille, les copains de Thomassin aussi déglingués que lui. La victime qui présentait de multiples fragilités.
Florence Aubenas montre, de façon objective sans prendre parti, l'engrenage dans lequel peut être pris un être marginal. Aux yeux de la justice et de la presse Thomassin, "un gars qui n'est pas du coin, menant une vie de patachon", à l'attitude ambiguë, parfois incohérente, était le coupable idéal dans cette affaire où aucune piste n'avait abouti.
J'ai aimé le sérieux et la précision de cette enquête, Florence Aubenas expose les faits, rien que les faits, sans jamais porter de jugement et en s'effaçant complètement derrière les protagonistes de cette histoire compliquée. J'aime son regard plein d'humanité et de bienveillance que j'avais déjà beaucoup apprécié dans ses deux précédents ouvrages "La méprise" et "le Quai de Ouistreham". J'ai aimé qu'elle ne tombe pas dans le pathos en n'évoquant pas la souffrance des enfants de la victime après le drame.
J'ai lu d'une traite ce fait-divers captivant relaté comme un polar, le récit est remarquablement construit et fort bien écrit d'une écriture limpide. Justesse et sobriété.
L'auteure
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