Nombre de pages : 125
La narratrice s'adresse à sa mère morte. Elle raconte sa relation impossible avec une mère bipolaire " il y a longtemps désormais qu'alternent les saisons dans ta tête", une mère qu'elle "veut tout à la fois, sauver et fuir."
Elle raconte d'abord son enfance chaotique ballotée de Paris à Strasbourg au gré des fluctuations de sa mère après le décès de son père, un homme autoritaire et violent. Sa mère, professeure de collège, est une femme aux humeurs imprévisibles, aux comportements excessifs avec qui elle partage cependant l'amour des livres. "J'ai un refuge depuis toute petite, une forteresse, j'habite dans les livres." Les livres, leur seul langage commun... "Les portes des librairies se confondent avec celles du paradis."
L'auteure raconte, dans une deuxième partie de son texte, sa relation d'adulte avec sa mère en introduisant cette partie par la mort annoncée de cette femme "Tu as mis longtemps à réussir ta mort mais un jour tu y es parvenue.... tu flirtais avec le crépuscule depuis des années." Au fil des années l'état psychique de sa mère s'était en effet fortement dégradé... La narratrice nous raconte leur relation polluée non seulement par l'état mental de sa mère mais également par un mensonge dans laquelle sa mère s'est enfermée... Il s'agit d'un secret de famille connu de tout leur entourage mais ignoré de la narratrice qui avait toujours préférer rester "sourde au bruissement du secret".
Je découvre Isabelle Flaten avec ce roman autobiographique qui relève de l'intime. Un texte qui résonne comme une déclaration d'amour d'une fille à sa mère. L'auteure n'a jamais pu établir une relation normale avec sa mère enfermée dans sa folie. Elle décortique ses sentiments de fille qui aurait tout donné pour "déloger le diable" qui empêchait sa mère d'être elle-même et de révéler sa vraie nature.
Ce texte centré sur sa mère et elle, Isabelle Flaten a choisi de l'écrire à la première personne en s'adressant à sa mère à travers ses souvenirs d'enfant, puis d'adolescente et d'adulte. En à peine plus que 120 pages, elle nous offre un texte très émouvant, écrit juste à la bonne distance, sobre et pudique sans aucun pathos, aucun misérabilisme mais parsemé de jolies touches d'humour. Nous sommes bien loin d'un simple témoignage ici mais dans de la vraie belle littérature. Isabelle Flaten nous livre un récit qui ne vire jamais au règlement de comptes et qui, bien que sombre, laisse transparaitre de l'espoir, "le petit miracle de renaissance" qui lui a permis de se relever d'années très difficiles.
A noter qu'il vaut mieux, comme souvent, éviter de lire la quatrième de couverture qui dévoile un élément que j'ai préféré avoir la surprise de découvrir dans la dernière partie du roman...
L'auteure
Je passe mon chemin
RépondreSupprimerJe peux le comprendre mais je t'encourage à la découvrir avec un autre de ses romans
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