Date de parution : février 2021 chez Grasset
Nombre de pages : 144
Nombre de pages : 144
Mélissa, une jeune femme au physique quelconque, issue d'un milieu modeste, provinciale diplômée d'une école parisienne renommée "un des hauts lieux où incubent les futures élites" peine à trouver sa place dans sa vie professionnelle. Incapable de s'adapter, de prendre des initiatives, elle est paralysée par la peur d'échouer. Elle n'est à l'aise que lorsqu'elle s'exprime derrière son blog sous le pseudo d’Artémis.
Cette "diplômée déçue et déclassée", qui n'a pas été embauchée à la fin de sa période d'essai, va trouver un petit boulot alimentaire et se lier d'amitié avec une collègue qui va l'entrainer dans une mystérieuse réunion d'un groupe animé par Marc, un leader qui a tout du gourou. Mélissa trouve un sens à sa vie au sein de ce groupe, elle pense que Marc l'a révélée à elle-même, elle se sent son élue "Rien ne compte que réorienter vers elle le regard de celui qui l'a pour ainsi dire créée". Tombée dans les filets de ce gourou manipulateur, elle s'engage dans ce groupe politique aux actions violentes et extrémistes. Jusqu'au jour où, lors d'une action contre les migrants, elle se trouve mêlée à la mort d’un enfant. Au lendemain du drame, Mélissa quitte tout et part pour les États-Unis.
A mots comptés et soigneusement choisis, dans une langue d'une jolie
musicalité envoûtante parfois un peu lyrique, avec une lenteur étudiée et une
narration qui fait alterner le "je", le "elle " et le "tu", Carole Zalberg trace
les chemins et les rencontres qui vont transformer la "Melissa qui était un brouillon", la Mélissa au corps plus souvent consommé que désiré, la jeune femme qui a eu l'impression d'être un "corps outil ", en une femme réconciliée avec elle-même. Une histoire qui se termine de façon lumineuse en Corse la "terre choisie" de Carole Zalberg. J'ai aimé le regard plein de bienveillance que Carole Zalberg porte sur son héroïne dont elle explore avec subtilité et sensibilité la psychologie.
Un roman court mais dense qui porte un regard sur la jeunesse d'aujourd'hui. Une forme d'alerte sur les dérives de la radicalisation, sur le piège du populisme, sur les conséquences des mauvaises rencontres "Tout est faussé par cette guerre incessante de phrases et d’images
sorties ensuite de leur contexte, distordues à l’infini, reprises
parfois d’un continent à un autre".
PS : le petit enfant mort dans les bras de sa mère avait dix-huit mois, il s'appelait Mehdi.
L'auteure
Carole Zalberg est l'auteur de huit romans. "Feu pour feu", paru chez
Actes Sud en 2014, a obtenu le Prix Littérature-Monde. "Je dansais" a
été publié aux éditions Grasset en 2017. (Sources : Éditeur)
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