Date de parution : 17 aout 2022 chez Viviane Hamy
Nombre de pages :
PREMIER ROMAN
Le père de la narratrice a quitté ses montagnes comme il l'avait promis à son propre père, il a abandonné les champs de coton d'Anatolie pour s'installer dans les corons belges et travailler sur des chantiers de construction.
Les souvenirs de ce père, émigré kurde, et de sa fille se répondent.
A travers ses souvenirs et ceux de son père qui se mêlent parfois, l'auteure retrace l'histoire de son père et brosse son portrait mais elle relate surtout son amour immodéré pour cet homme qu'elle magnifie certainement et dont la bonté, le courage et la dignité m'ont émue. L'écriture est très belle et le début très prometteur mais cet amour inconditionnel et exclusif qui écarte tous les autres, ce besoin égocentrique d'être regardée par lui et d'être tout pour lui ont fini par me déranger d'autant que les souvenirs qu'elle raconte sont souvent non datés, on ne sait donc jamais si elle parle de lui avec des yeux de petite fille ou de jeune femme.
Le récit tourne en rond autour de cette adoration, voire cette idolâtrie, et nous enferme dans une histoire assez étouffante qui écrase les nombreux thèmes intéressants abordés : le manque de prise sur son propre avenir qui est très souvent entre les mains des parents, l'abandon de tout rêve, l'asservissement dans le travail, le désir d'ascension sociale, le poids des attentes familiales. Mehtap Teke montre que, comme son père mais d'une façon différente, elle a aussi dû s'adapter aux ambitions que son père avait pour elle. "Tu aurais mérité de concrétiser tes rêves. C'est pour cela qu'à mon tour, je me suis engagée à perpétuer tes ambitions; à les assimiler et à les faire devenir réalité, même s'il faut, pour cela, feindre qu'elles sont miennes."
Malgré ces réserves, je lirai avec plaisir le prochain roman de Mehtap Teke car j'ai été séduite par son écriture.
Citations
" Tu sais, je déteste l'argent qui t'a dominé. Je le hais davantage depuis que j'en ai. A présent que je me trouve là où tu as toujours souhaité que je sois, l'existence est devenue d'un ennui ! La petite bourgeoisie est un milieu fastidieux, oui. J'aurais aimé que tu le saches."
" Il faut savoir d'où l'on vient pour ne pas se perdre sur la route qui mène à nos rêves."
" J'aspire à être toi."
" Regarde-moi ; je suis une extension de toi. Et je te prouverai qu'ils ont eu tort de croire qu'ils pouvaient décider de ta destinée."
L'auteure
Née en 1982 dans une famille ouvrière d'origine turque, Mehtap Teke a grandi dans la ville de Charleroi, en Belgique. Après des études de journalisme et de communication, elle part travailler aux quatre coins du monde notamment à New-York, Tokyo et Singapour, avant de s'installer à Dubaï, où elle vit depuis plusieurs années. Passionnée de littérature et d'écriture depuis le plus jeune âge, elle n'a jamais cessé d'écrire. "Petite, je disais que je voulais me marier avec toi" est son premier roman. (Source : éditeur)
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